Notre raison d'être
Notre raison d’être, diffuser un art de grande qualité dans un objectif humanitaire, l’éducation des enfants d’Haïti.
Nous vendons des oeuvres d’art, pas de la peinture de rue.
Si l’association ne peut présenter dans ses expositions-ventes des tableaux de peintres dont les prix sont devenus inaccessibles, comme Philomé Obin ou Hector Hyppolite, elle propose des signatures réputées comme Antilhomme, Pierre-Louis Riché, Claude Dambreville, Albott Bonhomme, André Blaise, Galland Sémérand, Seymour Bottex, pour n’en citer que quelques-unes, ainsi que des sculptures en fer découpées (souvent dans des bidons de fioul) par les fameux « Boss métal », comme Serge Jolimeau.
Présenter l’art haïtien, difficile tellement il est divers, et bien plus qu’on ne le pense généralement. On l’a trop souvent identifié uniquement à un art naïf ou à un art ‘vaudou’. On a trop souvent aussi considéré que c’était une création étrangère, une sorte de miracle temporaire suscité par l’ouverture du Centre d’Art en 1944, miracle éventuellement reouvelé au début des années 1970 avec le groupe des ‘Saint Soleil’ - alors qu’au 19ème siècle le développement d’un art national haïtien a été dès l’origine encouragé par la jeune république noire et que les années 1930 ont vu l’éclosion d’un important mouvement ‘indigéniste’ en peinture comme en littérature. Et l’art n’a cessé de se renouveler depuis, il y a toujours autant de peintres qui travaillent dans différents styles, même si on parle un peu plus souvent des ‘sculpteurs’ qui pratiquent un art de la récupération.
Ce qui a particulièrement frappé un public occidental et en France André Breton ou plus tard Malraux, c’était la force de cette peinture considérée comme ‘naïve’ ou ‘instinctive’ qui a par contre été longtemps ignorée ou rejetée par une certaine élite haïtienne (sans doute peu disposée à se reconnaître dans des représentations trop populaires ou campagnardes et préférant des œuvres inspirées, parfois sans grande originalité, de l’art occidental). En fait, les peintres ‘populaires’ (‘naïfs’, ‘primitifs’, ‘primitifs modernes’, selon les appellations), n’ignoraient pas forcément (ou du moins pas tous) les influences extérieures ni les considérations techniques mais ils exprimaient leur vision personnelle influencée par des traditions paysannes, une culture populaire et un imaginaire lié au vaudou, voire aussi une forme de révolte contre une réalité sociale intolérable. Les paysages, les portraits ou les scènes de vie sont des représentations réalistes (ou à peu près réalistes) mais il s’agit du ‘réalisme merveilleux’ caraïbe (ou sud-américain) comme l’explique Jacques Stephen Alexis, c’est-à-dire une reconstruction mentale où intervient une part de rêve.
Parmi les caractéristiques de cette peinture (caractéristiques qu’on retrouve d’ailleurs couramment chez des ‘primitifs’ ou ‘singuliers’ occidentaux) figurent la tendance à remplir tout ou presque tout l’espace du tableau, la vision frontale du sujet, la composition souvent circulaire et symétrique (mais quelquefois diagonale) ou lorsqu’il s’agit d’un paysage par plans successifs ignorant la perspective, la valorisation du détail significatif au mépris des proportions et surtout l’affirmation de la couleur. En fait, ce qui structure un tableau même à peu près réaliste, c’est l’organisation rythmique d‘une ou deux couleurs dominantes. D’autre part, la créativité de l’artiste s’exerce à partir d’une imagerie traditionnelle haïtienne, qu’elle soit chrétienne (le thème de la crucifixion ou le thème du paradis terrestre qui s’est peu à peu transformé en jungle de fantaisie) ou vaudou (des représentations ou évocations des loas, les esprits du monde invisible aussi réel et familier que le monde visible). Ce qui n’implique d’ailleurs pas forcément que l’artiste soit chrétien pratiquant ou vodouisant (ou les deux, ce qui n’est pas impossible en Haïti). Il peut s’agir de simples motifs artistiques mais il y a effectivement une dimension un peu sacrée, ou du moins sprirituelle, dans l’art (qu’on rencontre aussi chez les ‘singuliers’ ou naïfs’ occidentaux).
Alors, définir la peinture haïtienne ? Depuis la création de la république, artistes et intellectuels haïtiens ont cherché à définir l’haïtianité. Le pays est toujours en quête d’une identité collective, apparemment impossible à trouver sur le plan politique, mais les artistes s’efforcent d’apporter une réponse. L’art est pour certains un moyen de survivre dans des conditions difficiles mais plus profondément c’est aussi l’affirmation d’une force vitale, la revendication d’une identité culturelle chèrement conquise par un peuple qui s’est libéré de l’esclavage dans la douleur. Peut-être est-ce aussi cela qui fait la valeur de cette peinture et qui explique qu’elle nous touche.
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